Revenus des indépendants non salariés : l'Insee mène l'enquête

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En France, selon les chiffres officiels de l'Insee, près de 2,3 millions de personnes exerçaient une activité non salariée dans des secteurs non agricoles fin 2010. Sur ce total, 15% exerçaient sous le statut d'auto-entrepreneurs pour un revenu moyen de 5.180 €. Les 85% restants, qui exerçaient sous une forme classique, ont généré en moyenne 35.900 € de revenus d'activité.

Qui sont les indépendants en 2010 ?

Artisans, commerçants, professionnels libéraux ou chefs d’entreprise, les indépendants non salariés non agricoles « travaillent dans des domaines d’activité très divers, parmi lesquels trois secteurs prédominent : le commerce et l’artisanat commercial (20%), la santé (16%) et la construction (14%). »

L'Insee note pour l'année 2010 une forte poussée du nombre d'auto-entrepreneurs (+6,5% sur un an, après + 2,6% en 2009). « La hausse du nombre d’auto-entrepreneurs est particulièrement vive dans certains secteurs comme l’enseignement, les activités récréatives, l’information et la communication (activités informatiques notamment), les services administratifs et de soutien aux entreprises (entretien, nettoyage…) ou certaines activités spécialisées comme le conseil de gestion. » Fin 2010, dans ces secteurs, la part des auto-entrepreneurs justifiant de revenus dépasse le tiers des effectifs non salariés. Les auto-entrepreneurs représentaient ainsi, à la fin 2010, 15% des effectifs non salariés. Cette proportion est deux fois plus élevée qu'en 2009 selon l'Insee. Dans le même temps, « le nombre d’indépendants affiliés à un régime « classique » a décru de 1,4% en 2010. La baisse est supérieure à 5% dans le commerce de détail ou l’industrie. Les professions de santé et les activités spécialisées scientifiques et techniques sont parmi les rares à progresser (+4,5% en moyenne). »

Auto-entrepreneurs ou classiques, la population non salariée est toujours très largement masculine (33% de femmes en 2010). Ceci étant, cette part progresse significativement de 1,5 point en deux ans. « Parmi les indépendants nouvellement affiliés, les femmes restent cependant largement minoritaires (37%), aussi bien parmi les auto-entrepreneurs (38%) que parmi les travailleurs indépendants « classiques » (36%). »
Tous secteurs confondus,

Quels revenus pour les indépendants ?

« Sur l’année 2010, hors agriculture et hors auto-entrepreneurs, les indépendants « classiques » retirent en moyenne 35.900 euros de leur activité non salariée » selon l'Insee. Ce revenu moyen cache toutefois de grandes disparités puisqu'en effet, un indépendant sur dix déclare un revenu nul, un sur quatre un revenu annuel inférieur à 8.120 euros un sur deux moins de 21.000 euros annuels, un sur quatre plus de 43.700 euros, et un sur dix supérieur à 81.800 euros. Dans le détail, « les activités artistiques et récréatives, la coiffure, l’enseignement ou les taxis génèrent les plus faibles revenus, de 13.300 à 17.100 euros en moyenne sur l’année ». A l'autre extrémité de l'échelle des revenus, se trouvent les professions juridiques (105.000 euros), le commerce pharmaceutique (plus de 92.000 euros). Au milieu, l'on retrouve les professions libérales de santé, « qui rassemblent 17% des indépendants (hors auto-entrepreneurs) » avec un revenu moyen de 68.200 euros.

Fin 2010, un tiers des 340.000 auto-entrepreneurs économiquement actifs cumulent cette activité avec un emploi salarié. Cette proportion de pluriactifs est largement supérieure à celle des indépendants classiques (11 %). De même, quand plus de neuf auto-entrepreneurs sur dix tirent leurs principales ressources de leur activité salariée, ils ne sont plus qu'un sur deux chez les indépendants classiques. « Quel que soit le secteur d’activité, la rémunération globale des pluriactifs dépasse largement le revenu des non-salariés monoactifs (en moyenne, 36.400 euros annuels), notamment dans les services administratifs et de soutien et dans les arts, spectacles et activités récréatives. » Globalement selon l'Insee, plus l’activité est ancienne, plus le revenu est élevé, surtout dans les services. « Les indépendants nouvellement affiliés sont ceux qui perçoivent les plus faibles revenus, en particulier dans le commerce. En outre, plus de 30% des non-salariés installés dans l’année (hors auto-entrepreneurs) perçoivent un revenu nul ou négatif. »

Des revenus d'activités globalement en hausse en 2010

« Entre 2009 et 2010, dans un contexte de reprise de l’activité économique, le revenu des non-salariés « classiques » actifs au 31 décembre augmente substantiellement, de 4,2 % en moyenne en euros constants » souligne l'Insee. Cette hausse rapproche les revenus d'activité 2010 « du niveau atteint en 2007 (en euros constants), à la veille de la crise économique. » Ceci vaut notamment dans le commerce très touché en 2008 par la crise, où les revenus augmentent entre 2009 et 2010 de +4,7% en moyenne, dépassant ainsi leur niveau d’avant la crise. « Le commerce de détail est le premier bénéficiaire de cette hausse, alors que les métiers de bouche (bouchers, boulangers, pâtissiers…) s’inscrivent en retrait. » Dans les services, les revenus augmentent également en de belles proportions notamment dans les activités juridiques (+11,7%). « Dans les autres secteurs, la hausse est plus modérée, en particulier pour les professions libérales de santé (+0,5%), les activités scientifiques et techniques hors professions juridiques (+0,1 %) ou les taxis. » Les activités d’hébergement et de restauration enregistrent quant à elles une progression des revenus d'activités de +3,9 %, tandis que dans l’industrie, la progression s'établit à +3,1 %. Le secteur de la construction quant à lui ne profite pas du mouvement haussier avec une baisse affichée des revenus de -1,6 % en moyenne « comme en 2009, poursuivant le recul entamé en 2008 ».

Les femmes moins bien loties que les hommes

Globalement, selon l'Insee, la population féminine des indépendants non salariés gagne en moyenne 1/3 de moins que la population masculine. Ainsi, parmi les indépendants classiques, « les hommes gagnent près de 39.000 euros en moyenne contre 29.300 euros pour les femmes, soit un quart de moins. » Cette différence significative est à moduler puisqu'en effet, globalement les femmes exercent leur activité non salariée dans des secteurs souvent plus rémunérateurs (professions libérales de santé, notamment). « Aussi, à secteur d’activité donné et caractéristiques comparables, les femmes non salariées perçoivent un revenu inférieur d’un tiers à celui des hommes. » Comment expliquer cette différence ? Selon l'Insee, l'explication tient en partie au temps de travail plus important pour les hommes non salariés. « Entre 2009 et 2010 toutefois, le revenu des indépendantes a progressé deux fois plus rapidement que celui de leurs homologues masculins. »

A la loupe, les revenus moyens par secteur d'activités

Hors auto-entrepreneurs, les revenus moyens par activité en 2010 sont respectivement les suivants :

  • Industrie : 26 590 € (+ 3,1 % vs 2009)
  • Construction : 27 150 € (- 1,6 % vs 2009)
  • Commerce : 26 920 € (+ 4,7 % vs 2009) dont :
    • 25 520 € pour le commerce et réparation auto (+ 1,6 % vs 2009),
    • 29 200 € pour le commerce de gros (+ 3,3 % vs 2009),
    • 92 430 € pour le commerce pharmaceutique (+ 2,7 % vs 2009),
    • 18 140 € pour les autres commerces de détail (+ 5,4 % vs 2009),
    • 27 770 € pour les commerces de bouche (- 0,8 % vs 2009)
  • Services : 42 920 € (+ 4,2 % vs 2009) dont :
    • 21 480 € pour les transports (+ 0,3 % vs 2009),
    • 20 400 € pour l'hébergement restauration (+ 3,9 % vs 2009),
    • 28 370 € pour l'information et communication (+ 1,5 % vs 2009),
    • 63 220 € pour les activités financières et d'assurance (+ 3,4 % vs 2009),
    • 26 290 € pour les activités immobilières (+ 12,0 % vs 2009),
    • 57 900 € pour les activités spécialisées scientifiques et techniques (+ 6,0 % vs 2009, dont professions juridiques + 11,7 % vs 2009, à 105 170 €),
    • 26 220 € pour les services administratifs et de soutien (+ 4,7 % vs 2009),
    • 16 580 € pour l'enseignement (0,0 % vs 2009),
    • 65 140 € pour la santé humaine et action sociale (+ 0,7 % vs 2009),
    • 13 310 € pour les arts spectacles et activités récréatives (+ 4,8 % vs 2009),
    • 14 980 € pour la coiffure et soins de beauté (+ 2,3 % vs 2009).

Retrouvez l'intégralité des chiffres de cette étude sur le site de l'Insee.

Dominique André-Chaigneau, Point Franchise ©